Début de saison : récit d'une nuit de pêche
La nuit commence à tomber sur l'étang. On commence à entendre le chant des grenouilles qui devient oppressant dans les herbiers de bordures. Le vent est tombé, l'étang ressemble à un miroir sur lequel viennent moucher une quantité phénoménale de petits poissons blancs. J'observe tranquillement la surface de l'eau, le soleil couchant en horizon, quand soudain, à environ 80 mètres de la berge, un énorme poisson vient crever le miroir pour replonger aussitôt. Mon sang ne fait qu'un tour ! Ce poste est amorcé depuis plus d'une semaine et l'eau ayant atteint 12°c, me redonne espoir en ce début de saison.
Ce coup, je l'ai entretenu tous les soirs avec quelques poignées de bouillettes épicées à forte granulométrie. Les poissons chats n'étant pas encore réveillés, mes chances de croiser une belle me semblent bonnes.
Le soleil disparaît et, toujours assis derrière mes trois cannes, je commence à ne plus distinguer la berge opposée et cet énorme chêne affleurant l'eau sous lequel j'ai placé tant bien que mal un montage arrosé d'une poignée de pellets.
Mes bétalights commencent à briller dans la pénombre tandis qu'une une belle lune bien pleine monte derrière l'épaisse forêt.
J'apprécie encore un moment cet instant magique avant de me réfugier dans mon bed chair et me préparer un petit café bien mérité, au regard de tout mes efforts pour préparer cette première pêche de l'année.
Je ne tarde pas longtemps et m'endort rapidement, bercé par la légère brise qui vient caresser le haut des peupliers. Les grenouilles, curieusement, se sont tues.
Vers 1 h du matin, un bip me rappelle à l'ordre. C'est la canne située sur le coup amorcé en pleine eau. La poussée d'adrénaline me tient en haleine, à fixer intensément le rod pod; quelques longues minutes plus tard, je dois me résigner! fausse alerte !
Le jour se lève déjà. La brume épaisse se dissipe peu à peu laissant apparaître un soleil rougeoyant. Je prépare un bon café, déçu que cette première nuit ne m'ait rien apporté; c'est quand même injuste, malgré tous les efforts que j'ai fournis.
J'aperçois un héron pêchant en bordure; tandis que je l'observe et que ma cafetière italienne commence à siffler, un bip, puis deux me rappellent à l'ordre. C'est encore cette canne du milieu disposée sur l'amorçage, avec un petit montage équilibré placé avec précision accompagné d'un petit sac soluble.
Je m'approche de la canne et voit rapidement le scion se cintrer. J'empoigne la canne et ferre amplement sans brutalité. Le poisson est bien au bout et me gratifie d'un premier rush digne d'un départ de 100m !! J'arrive à contrer la bête qui vient crever la surface, dérangeant ainsi le calme plat régnant sur l'étang. Le combat s'éternise. Elle est maintenant en bordure et ne compte pas se laisser emmailloter si facilement.
Après de longues minutes à combattre sur la bordure, le poisson glisse enfin dans l'épuisette. Je me sens soulagé et un sentiment de bonheur m'envahit. Je déboîte la cadre de l'épuisette et hisse le poisson sur la berge. C'est lourd, vraiment lourd!
Le peson est sans appel, un des gros poissons du lac vient de me tomber dans les bras, alors que le soleil fait flamboyer l'horizon. Cette journée d'avril commence plutôt bien. Après une séance photo mémorable, le poisson repartira nonchalamment vers le large et moi, je passerais ma journée à me remémorer cette prise très honorable pour un début de saison.
La fin du week end se déroulera tranquillement avec deux autres petits poissons.
Cette histoire, ce combat, ce moment, vous aimeriez bien le vivre vous aussi, non ? Moi également car le récit que vous venez de lire n'est juste que le fruit de mon imagination, alors que je me trouve devant mon écran sans pouvoir tremper les lignes. La photo du poisson est également sortie de mes pensées, avec un peu d'aide de Photoshop. C'est aussi ça la pêche de la carpe et ce qui nous motive chaque jour un peu plus, des idées, des pensées, des songes, des rêves, que l'on fait sans cesse et qui un jour se réalisent au bord de l'eau. Ce soir j'avais envi de sortir un peu ma plume, peut être pour mieux me faire patienter jusqu'à la prochaine sortie au bord de l'eau.
En espérant que cela vous ait plu.
Flo
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